La pratique des jeux de hasard a laissé des traces à travers tous les âges, passionnant les hommes de diverses civilisations, des plus antiques aux plus modernes. Au sein de l’histoire des jeux de hasard, la Belgique occupe à plusieurs reprises une place significative.

Le jeu de hasard pratiqué à toutes les époques

Dans les Flandres d’abord, où les premières loteries apparaissent au 16e siècle, organisées au profit des églises et des guildes. Ces loteries seront par après interdites et deviendront la prérogative des communes.

Au 18e siècle, le plus vieux casino du monde encore actif aujourd’hui ouvre ses portes dans la ville de Spa. L’établissement est érigé pour divertir la noblesse issue de toute l’Europe et venue profiter des célèbres thermes de la ville. Le nouvel établissement préfigure le souci de protéger les joueurs, les jeux étant en ces temps-là organisés à l’intérieur de tripots douteux. Au début du 19e siècle, Spa connaîtra également les premières courses hippiques d’Europe continentale.

Le plus vieux casino du monde encore actif aujourd’hui
se trouve à Spa

La Loterie Coloniale, ancêtre de la Loterie Nationale, voit le jour en 1945 afin de lever des fonds destinés au financement de l’entreprise coloniale au Congo belge. Il faudra quelque temps avant que l’Etat ne puisse en retirer des bénéfices intéressants, rendus possibles par la croissance du nombre de joueurs. En 1962, après l’indépendance des colonies belges et après avoir réorienté sa mission vers les collectivités rurales en développement ainsi que vers des fins d’utilité publique en Belgique, la Loterie Coloniale devient la Loterie Nationale.

Malgré une tradition du jeu s’étalant sur plusieurs siècles, les opérateurs de jeux de hasard ont dû s’adapter à l’instabilité de la réglementation de leurs activités. Au début du 20e siècle, la loi du 24 octobre 1902 sur les jeux interdisait l’exploitation des casinos. Ceux-ci seront toutefois tolérés en dehors des villes, pour des raisons fiscales et historiques. Les machines de jeux automatiques, installées dans les débits de boissons, étaient quant à elles considérées comme des jeux d’amusement et échappaient à tout contrôle efficace. Les paris, de leur côté, tombaient originellement sous la loi pénale du 12 décembre 1985. Il faudra attendre la loi du 26 juin 1963 pour que les paris mutuels sportifs soient régularisés. Deux ans plus tard, ce sera au tour des paris à cote et sur les courses de chevaux d’être régularisés.

17 ans de politique de canalisation

La Belgique adoptera en 1999 la loi sur les jeux de hasard qui est, depuis lors, restée d’application. L’interdiction absolue d’exploiter des jeux de hasard n’ayant pas eu pour effet de faire disparaître les jeux illégaux, le législateur a voulu instaurer une politique de canalisation. Une telle politique repose sur le principe que l’envie de jouer sera toujours présente et qu’il vaut mieux canaliser cette envie vers une offre contrôlée que d’essayer d’interdire les jeux. Autrement dit, l’offre illégale est combattue à l’aide d’une offre légale attractive qui permet de protéger le consommateur.

Lutter contre l’offre illégale en proposant une alternative
légale attractive et contrôlée

Avec l’expansion fulgurante d’internet, les années 90 seront aussi marquées par l’apparition des jeux en ligne. De par le caractère transfrontalier et virtuel des jeux de hasard en ligne, leur contrôle se révèle plus compliqué pour les autorités publiques. Des sites illégaux opèrent en effet depuis des juridictions offshores. Etablis au sein de celles-ci, ils n’y paient aucune taxe et échappent à tout contrôle. La loi du 7 mai 1999 sera dès lors adaptée en 2010 afin de prendre en compte, en plus des paris sportifs et des jeux télévisés, les jeux de hasard proposés via internet. Depuis cette modification législative, les jeux en ligne ne peuvent être organisés que par des établissements qui exploitent le même type de jeu dans le monde réel belge. En d’autres termes, le candidat à l’exploitation de jeux en ligne doit déjà disposer d’une licence l’autorisant à proposer physiquement les mêmes jeux de hasard.

Nouveaux défis

Les progrès rapides des technologies de l’information et de la communication permettent aujourd’hui aux jeux de hasard d’être accessibles partout, à tout moment. Le smartphone et la télévision digitale donnent au consommateur le loisir de découvrir de nouvelles formes de jeux. Le secteur continue également à innover dans son offre de produits, comme l’atteste l’essor des paris sur événements sportifs virtuels. Ces innovations technologiques et techniques ne rentrent pas toujours dans le cadre réglementaire existant. L’évaluation et l’évolution de ce cadre se révèlent nécessaires, afin d’assurer le respect de ses objectifs principaux, c’est-à-dire la canalisation et la protection du joueur.

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