L’engouement pour les paris illégaux atteint son apogée lors de la Coupe du monde de football

Une étude britannique montre la nécessité de mieux cartographier et lutter contre les jeux de hasard illégaux

Bruxelles, 27 janvier 2023 – Une étude britannique sur les paris en ligne montre que le nombre de joueurs britanniques visitant des sites web illégaux a triplé pendant la Coupe du monde au Qatar. Un phénomène similaire a pu se produire en Belgique. L’association belge des opérateurs de jeux de hasard (BAGO) appelle le gouvernement à mieux cartographier la présence des opérateurs illégaux et à vérifier l’impact des nouvelles mesures pour le secteur légal sur le marché illégal.

Pendant la Coupe du monde, l’équipe de recherche « Yield Sec » a mené une enquête sur les pratiques de jeu illégales pendant la Coupe du monde pour le compte du BGC (Betting & Gaming Council), l’association des opérateurs de jeux légaux du Royaume-Uni. Sur base d’une enquête numérique, Yield Sec conclut que quelque 250 000 personnes ont visité des sites de jeux de hasard illégaux au cours du mois de décembre 2022. En décembre 2021, ils n’étaient que 80 000. Cette augmentation exponentielle est également perceptible entre novembre 2021 et novembre 2022. 

La Belgique ne dispose pas aujourd’hui des moyens techniques nécessaires pour vérifier l’ampleur du secteur illégal. Le dernier rapport annuel de la Commission des jeux de hasard, l’autorité de régulation du secteur, estime que les offres en ligne illégales en Belgique représentent environ 20 % du marché.  En d’autres termes, un joueur sur cinq jouerait illégalement. Une enquête de l’UGent a démontré par le passé qu’un opérateur sur trois faisant de la publicité pour les jeux de hasard sur les médias sociaux en Belgique est illégal. Pour sa part, BAGO a déjà alerté les autorités à plusieurs reprises contre les risques liés aux jeux de hasard illégaux. Les sites de jeux illégaux ne sont pas contrôlés par le régulateur et, par exemple, n’offrent aucune garantie de paiement, aucune restriction des limites de jeu et aucune vérification de l’âge des joueurs.

BAGO reconnaît que la Commission des jeux de hasard s’est davantage investie dans la lutte contre les opérateurs illégaux, en agissant de façon plus active contre les sites de jeux illégaux et en sensibilisant les consommateurs aux dangers. Toutefois, un grand nombre de sites illégaux figurant sur la liste noire de la Commission des jeux de hasard restent accessibles. 

L’association professionnelle regrette également que le gouvernement ne tienne aucunement compte des effets secondaires pour le jeu illégal que pourrait engendrer les nouvelles mesures imposées au secteur légal.

« Par exemple, il est extrêmement populaire d’annoncer  une interdiction de publicité pour les opérateurs légaux. En pratique, cependant, cela signifie que les consommateurs en ligne ne seront confrontés qu’à la publicité d’opérateurs illégaux, qui n’offrent aucune garantie de protection des joueurs« , déclare Damien Thiéry, secrétaire général de BAGO.

Le Secrétaire Général demande dès lors instamment au Ministre de la Justice d’adapter son Arrêté Royal Publicité en tenant compte de ces nouvelles données en provenance du Royaume Uni

« Il est grand temps que le gouvernement reconnaisse les dangers de l’offre illégale et associe des règles strictes pour le secteur légal à une politique de canalisation efficace. Orienter le joueur vers une offre de jeux sûre et qui garantit un  contrôle d’identité, des limites de jeu et une prévention des comportements de jeu problématiques, devrait être l’objectif premier du gouvernement », ajoute Tom De Clercq, président de BAGO. 

« Dans la pratique, cependant, nous constatons que le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne ne vise que le secteur légal et n’envisage pas les éventuels effets néfastes de sa politique sur la protection des consommateurs. Une politique efficace en matière de jeux de hasard nécessite une mesure objective du marché illégal et des effets de la politique sur sa croissance. D’autres pays, comme le Danemark, le font déjà. Il est urgent d’abandonner la politique actuelle fondée sur l’intuition. »

À cet égard, BAGO fait également référence à l’enquête menée par la Commission des jeux de hasard auprès des personnes qui se sont volontairement inscrites sur la liste de l’Excluded Persons Information System  (EPIS). Elle montre que malgré leur auto-exclusion,  un quart de ces personnes se remettent à jouer. Parmi celles-ci, un tiers utilise l’offre illégale. Les autres exclus se dirigent vers les jeux de la Loterie nationale et les jeux de hasard dans les cafés, car ils ne sont pas soumis à la législation EPIS pour le moment.