Comportements de jeu en Belgique : nuances à la récente couverture médiatique

Des deux côtés de la frontière linguistique, les médias ont publié la semaine dernière des articles au sujet du comportement des Belges face au jeu, sur la base du rapport annuel de la Commission des jeux de hasard que Sudpresse a pu consulter en primeur. Les journaux titraient « Les Belges n’ont jamais autant joué » ou « 350.000 joueurs exclus ». Les membres de BAGO, l’Association belge des opérateurs privés de jeux de hasard, souhaiteraient apporter quelques éclaircissements et quelques nuances au sujet des chiffres annoncés.

Casinos déficitaires

Les articles s’appuient sur le rapport annuel 2015 de la Commission des jeux de hasard et constatent que « en 2015, les casinos en ligne et hors ligne affichaient un chiffre d’affaires de quelque 180,9 millions d’euros, contre 166,7 millions d’euros l’année précédente. » Nous voudrions souligner que la majeure partie des casinos étaient déficitaires en 2015. En effet, lorsque nous regardons le résultat d’exploitation, il apparaît que les casinos affichent un résultat négatif de 2 millions d’euros. Qui plus est, plus de 30 % des entreprises titulaires d’une licence subissaient une perte nette en 2014. Ces chiffres proviennent d’une étude du marché belge des jeux de hasard, réalisée par BDO.

L’article de Sudpresse fait également référence au chiffre d’affaires des salles de jeux automatiques, qui appartiennent à la classe II. L’article fait état d’une forte hausse du chiffre d’affaires, de 201 à 229 millions. D’après l’article, ce chiffre ne tient toutefois pas compte du montant dépensé par les joueurs à des boissons et à des en-cas. Nous tenons cependant à préciser qu’il est interdit de vendre des boissons alcoolisées et de la nourriture dans les établissements de jeux de classe II.

La Belgique, un exemple en matière de protection des joueurs

Le fil rouge des différents articles parus, réside dans le fait que les Belges n’ont encore jamais autant joué qu’aujourd’hui et que, dans notre pays, quelque 350.000 joueurs sont exclus de toute activité de jeu. Ici aussi, il faut nuancer les chiffres présentés. La liste EPIS, c’est-à-dire la base de données du Service Public Fédéral Justice qui repend tous les joueurs exclus, se compose de différentes catégories de joueurs exclus. Le tableau ci-dessous illustre les différentes subdivisions.

BAGO - tableau - EPIS - catégories

Il convient de remarquer ici que les personnes qui font l’objet d’un règlement collectif de dettes ne sont pas nécessairement et automatiquement des joueurs à problèmes. Il apparaît dès lors que seule une minorité des personnes, soit moins de 25.000 personnes, aboutissent sur la liste EPIS à cause d’un éventuel comportement de jeu problématique. Les chiffres montrent par ailleurs que le fait qu’il y ait tant de personnes exclues constitue précisément la preuve que le système de protection du consommateur fonctionne bien.

Les opérateurs privés de jeux de hasard mettent eux aussi tout en œuvre pour veiller à ce que le joueur soit le mieux protégé possible et puisse jouer de la manière la plus responsable qui soit. D’une part, la protection des joueurs est garantie par un contrôle d’identité. Dans les casinos et les salles de jeux automatiques, chaque joueur doit s’inscrire avant de pouvoir pénétrer dans la salle. L’inscription est approuvée à l’accueil, sur la base de la carte d’identité ou du passeport. Grâce au contrôle EPIS, les joueurs exclus n’ont pas accès aux lieux.

D’autre part, les opérateurs privés de jeux de hasard ont pris des initiatives complémentaires. En octobre de l’année dernière, les membres de BAGO avaient déjà signé une Convention pour une publicité et un marketing éthiques et responsables en matière de jeux de hasard. Cette convention a entre-temps été complétée par une charte graphique, dans laquelle l’utilisation d’un message de prévention commun a encore été développée. Au début du mois dernier, BAGO a lancé une campagne TV afin de promouvoir l’importance d’un comportement de jeu responsable sous le slogan « Ne laissez pas le jeu se jouer de vous. Jouez responsable. » Par cette campagne de prévention, les opérateurs mettent l’accent sur les initiatives qu’ils ont prises et qui permettent aux joueurs de s’imposer des limites.

Risque étranger, sans garantie de protection

Les premiers chiffres pour 2016 montrent une stagnation du nombre de joueurs en ligne, due notamment à une reprise de la croissance de l’offre de jeu terrestre. Bien qu’une régulation du secteur soit nécessaire, nous voudrions souligner qu’un cadre réglementaire trop strict pour les opérateurs légaux peut également avoir comme conséquence que le joueur s’adressera à des opérateurs illégaux et étrangers, où la protection des consommateurs est moins stricte, voire inexistante.

La Loterie Nationale

L’article de Sudpresse met l’accent sur l’importance croissante du marché des jeux de hasard en ligne, qui enregistre de substantiels bénéfices. Aucune référence explicite n’y est toutefois faite à la part de marché qu’y occupe la Loterie Nationale. Nous voudrions attirer l’attention sur le fait qu’en matière de jeux en ligne, la Loterie Nationale a connu une énorme progression ces dernières années. Le seul chiffre d’affaires lié à l’e-lotto a augmenté de 19,3 % de 2015 à 2016, comme en attestent les chiffres de la Loterie Nationale elle-même.


BAGO entend être un interlocuteur fiable pour les pouvoirs publics, les médias et le grand public. Dans ce contexte, l’association et ses membres s’engagent à fournir des informations objectives sur le secteur.