Les jeux à gratter peuvent aussi engendrer des comportements de jeu problématiques

Le potentiel de risque de Win for Life et Woohoo est plus élevé que celui des paris sportifs, selon les conclusions d’une étude

Bruxelles, 8 mars 2023 – Une analyse des caractéristiques structurelles des jeux de hasard en Belgique, qui vient d’être publiée, montre que les cartes à gratter et les e-games de la Loterie Nationale présentent de nombreuses caractéristiques pouvant donner lieu à des comportements de jeu problématiques. L’étude montre qu’aucun jeu de hasard ne peut prétendre être sans risque. L’Association professionnelle belge des opérateurs de jeux de hasard (BAGO) demande au gouvernement d’appliquer à ses propres jeux de hasard la réglementation stricte actuelle et future applicable aux casinos, aux salles de jeux et aux agences de paris.

Le gouvernement belge étant particulièrement peu enclin à mener des études sur les jeux de hasard, BAGO a décidé de commander sa propre analyse à l’expert autrichien Michael Auer, docteur en psychologie et maître en statistiques. Le Dr Auer a analysé les caractéristiques structurelles des jeux de hasard les plus courants sur le marché belge, tant en ligne que hors ligne. Pour ce faire, il a utilisé la méthodologie ASTERIG, qui offre une méthode structurée et quantifiée pour évaluer le potentiel de risque d’un jeu.

Les caractéristiques structurelles d’un jeu de hasard sont évaluées concrètement sur 10 dimensions indépendantes, qui sont connues pour influencer les risques de dépendance au jeu. Cependant, toutes les dimensions n’ont pas la même importance dans la création d’un profil de risque. Par exemple, les critères « fréquence » et « continuité » ont reçu la plus forte pondération dans l’évaluation finale.

AUCUN JEU DE HASARD N’EST SANS RISQUE

L’analyse du Dr Auer confirme ce que les experts savaient depuis longtemps, à savoir que les jeux de loterie traditionnels peuvent être considérés comme les moins risqués et que les machines à sous dans les casinos (en ligne) et les salles de jeux automatiquessont les plus risquées.

Ce qui est notable, cependant, c’est que les cartes à gratter et les e-games de la Loterie Nationale (Woohoo) obtiennent un score de risque assez élevé et sont même considérés comme plus risqués que les paris sportifs et les jeux de table dans les casinos.

« Pour les personnes extérieures au secteur, cela peut être surprenant, mais une étude similaire de 2017, commandée par le régulateur des jeux de hasard néerlandais, était déjà arrivée à la même conclusion pour les cartes à gratter », déclare Damien Thiéry, secrétaire général de BAGO. « Puis encore, pour les jeux Woohoo, c’est la Commission des Jeux de Hasard (CJH) belge qui a récemment souligné qu’ils avaient plus de points communs avec les jeux des opérateurs privés, qu’avec les loteries traditionnelles », ajoute-t-il.

Le score élevé des cartes à gratter et des jeux Woohoo s’explique, entre autres, par une fréquence de jeu élevée (les jeux peuvent être joués en quelques secondes), l’offre (en ligne) d’une fonction de jeu automatique (continuité), la possibilité de pouvoir miser différents montants et la forme et le style des jeux, qui ne diffèrent guère de ceux proposés par les opérateurs privés.

LES FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX JOUENT ÉGALEMENT UN RÔLE DANS LA PRÉVENTION DE LA DÉPENDANCE AU JEU

Michael Auer souligne que cette étude ne donne qu’une image partielle de la réalité, car les comportements de jeu problématiques sont le produit d’une interaction complexe entre plusieurs facteurs. Outre les caractéristiques structurelles d’un jeu de hasard, les variables sociétales, les caractéristiques personnelles d’une personne et les variables situationnelles jouent également un rôle dans l’apparition d’un comportement de jeu problématique.

« La législation est typiquement l’une de ces variables sociétales qui peuvent contribuer à tempérer le risque associé aux jeux d’argent », affirme Tom De Clercq, président de BAGO. « La législation actuelle sur les jeux de hasard fait en sorte que les opérateurs privés peuvent offrir de nombreuses garanties en termes d’environnement de jeu sûr. Nous appliquons notamment des limites d’âge strictes pour empêcher les mineurs de participer à des jeux de hasard ou à des paris sportifs, nous effectuons un contrôle EPIS (Excluded Persons Information System) et nous vérifions auprès des autorités qu’une personne n’a pas de dettes avant de traiter une demande de modification de sa limite de jeu. »

Emmanuel Mewissen, vice-président de BAGO, ajoute : « Il est donc incompréhensible que le gouvernement belge ne soumette pas ses propres offres de jeux à des règles aussi strictes. De plus, des mesures supplémentaires, telles qu’une interdiction de publicité et une interdiction de comptes de joueurs unifiés par opérateur, sont annoncées, qui, une fois encore, ne s’appliqueront pas à la Loterie Nationale. En termes de protection des consommateurs, c’est incompréhensible ».

L’association professionnelle est consciente du fait qu’une étude financée par l’industrie sera toujours considérée comme suspecte, mais elle espère que cela encouragera le gouvernement à adopter des politiques fondées sur des faits plutôt que de se fier à son instinct.