Baisse du chiffre d’affaires de 17% pour le secteur belge des jeux de hasard en 2020

1 joueur sur 5 est actif sur les sites illégaux, confirme le rapport de la Commission des jeux de hasard

Le rapport annuel de la Commission des jeux de hasard (CJH), publié aujourd’hui, démontre que la pandémie de COVID a durement touché le secteur belge des jeux de hasard en 2020. Le Gross Gaming Revenue (la différence entre la totalité des mises engagées et des gains redistribués) a diminué de 200 millions d’euros. Les établissements de jeux physiques sont restés fermés pendant la moitié de l’année et ont connu une baisse du chiffre d’affaires d’un peu moins de 50 %. Comme dans d’autres secteurs économiques, les consommateurs se sont déplacés (partiellement) en ligne.  Cependant, la Commission  des jeux de hasard constate également qu’un joueur sur cinq joue sur des sites illégaux, ce qui soulève de sérieuses questions quant à la sécurité de ces joueurs. BAGO appelle donc le Gouvernement à agir contre les opérateurs illégaux et de mettre en œuvre une politique de canalisation qui conduit le joueur vers une offre légale répondant aux exigences de sécurité les plus strictes.

ÉTABLISSEMENTS DE JEUX PHYSIQUES SÉRIEUSEMENT AFFECTÉS

Le rapport annuel 2021 de la Commission belge des jeux de hasard montre que la pandémie de COVID a eu un impact majeur sur le secteur belge des jeux de hasard. Au cours de la période 2020-2021, les casinos, les salles de jeux et les bureaux de paris ont dû rester fermés pendant environ la moitié du temps. Comme dans d’autres secteurs économiques, la pandémie a accéléré la tendance à devenir actif en ligne. Le chiffre d’affaires des activités en ligne a donc augmenté de 28% en 2020, mais pas au point de pouvoir compenser les pertes des activités de jeux physiques. En conséquence, la Commission des jeux de hasard note une baisse de 17,81 % du Gross Gaming Revenue (GGR) pour l’ensemble du secteur. BAGO demande au Gouvernement d’accorder une attention particulière à la viabilité économique des établissements de jeux physiques, qui sont nécessaires pour offrir aux joueurs un environnement de jeu sûr et contrôlé.

1 JOUEUR SUR 5 JOUE ILLEGALLEMENT

Le rapport annuel de la CJH contient également, et pour la première fois, une estimation de l’offre illégale en ligne en Belgique. Selon cette estimation, environ 20% des joueurs belges participent à des jeux de hasard sur des sites web illégaux, souvent sans s’en rendre compte. Le CJH met en garde contre les risques sérieux encourus: aucune garantie de paiement, aucune limite de jeu et aucune vérification de l’âge des (trop) jeunes joueurs. La présence de ces opérateurs illégaux a déjà été mise en lumière par une enquête de l’Université de Gand (LIEN), qui a démontre qu’en ligne, un annonceur pour jeux de hasard sur trois est illégal en Belgique.

BAGO reconnaît que la Commission des jeux de hasard a fait de sérieux progrès dans la lutte contre les opérateurs illégaux, en prenant des mesures plus actives contre les sites web illégaux et en sensibilisant les consommateurs aux dangers. En même temps, l’association professionnelle souligne que ces efforts seront en vain si une interdiction de publicité pour les jeux de hasard légaux est introduite, comme le propose le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne. Dans ce cas, le consommateur ne verra que des publicités d’opérateurs illégaux (plus d’infos : LIEN).

CANALISER LE JOUEUR VERS UNE OFFRE DE PLUS UN PLUS SÛRE

Le Gouvernement fédéral et la Chambre ont récemment lancé plusieurs initiatives visant à réglementer plus strictement le secteur des jeux légaux. BAGO soutient la plupart de ces initiatives, car elles contribuent à une meilleure protection des consommateurs. Cependant, BAGO regrette que, sur base de chiffres et d’interprétations erronés (voir annexe), 2 mesures soient mises en œuvre qui ne contribuent pas à une meilleure protection, bien au contraire. Il s’agit plus précisément d’une interdiction radicale de la publicité et d’une interdiction des comptes de joueurs unifiés (l’interdiction stricte du cumul).

Selon Sciensano, environ 0,2 à 0,9% de la population est à risque de dépendance aux jeux d’argent (source : Enquête de santé Sciensano, 2018).

« Un pourcentage relativement faible, si on le compare par exemple à la prévalence de la consommation problématique d’alcool (5,9 %), mais il va de soi que chaque joueur dépendant est un joueur de trop », souligne le président de BAGO, Tom De Clercq.

C’est pourquoi BAGO plaide depuis un certain temps déjà pour que la législation sur les jeux d’argent soit modifiée dans deux domaines importants :

  • Une limitation de l’offre publicitaire, sans entraver la fonction de canalisation des opérateurs légaux. BAGO est d’accord avec le Gouvernement sur le fait que ces dernières années, il y a eu une surabondance de publicités pour les jeux de hasard. Une restriction est nécessaire. Toutefois, une telle restriction ne doit pas se faire au détriment de l’objectif de canalisation du gouvernement. Pour BAGO, les opérateurs de jeux légaux doivent continuer à pouvoir se faire connaître là où les opérateurs illégaux sont présents, notamment en ligne et dans le monde du sport. « Ce serait faire preuve d’un manque de perspicacité que d’interdire la présence d’offres légales dans des endroits où l’on sait que les offres illégales nuisent », déclare Emmanuel Mewissen, vice-président de BAGO.
  • Un renforcement de la politique de prévention en imposant un devoir d’encadrement. Les nouvelles technologies et l’agrégation des données permettent aujourd’hui de détecter les comportements à risque. Plusieurs opérateurs le font déjà. BAGO souhaite que ces pratiques soient ancrées dans la loi, afin que tous les opérateurs légaux aient un « devoir d’encadrement ». L’opérateur devrait alors surveiller le comportement des joueurs, les informer de manière proactive de tout changement de comportement et leur offrir la possibilité de s’imposer des limites. Toutefois, un tel devoir d’encadrement est difficile à mettre en œuvre si le Gouvernement introduit simultanément une interdiction stricte du cumul, affirme BAGO. Un projet de loi actuellement à l’ordre du jour de la Commission parlementaire de la justice veut obliger le joueur à ouvrir un compte joueur séparé pour chaque type de jeu de hasard auquel il veut jouer auprès d’un même opérateur. Il va sans dire que toute forme de fractionnement des comptes des joueurs rend l’observation d’indicateurs tels que la fréquence et les changements de comportement considérablement plus difficile. La Commission des jeux de hasard a également mis en garde contre cette pratique en déclarant dans son avis aux politiques que « (…) une interdiction absolue du cumul peut avoir des effets inattendus sur la protection des joueurs ». Cependant, l’auteur du projet de loi semble vouloir ignorer cet avis » . (LIEN)